lundi 28 juillet 2014

Le Rwanda et la France (mai 2014)

Ce rappel historique a été rédigé avec le concours du général Lafourcade et du colonel Hogard.
Maurice Faivre, le 10 mai 2014

Le Rwanda et la France. Chronologie sommaire.

- 1898 à 1962. Le Ruanda-Urundi est une colonie allemande dont le mandat est confié à la Belgique en 1923.
Soutien de la majorité hutue (84%) au détriment des Tutsis.
Tutelle de l'Onu en 1946 - Séparation en deux Etats en 1961, indépendance en 1962 et retrait de l'armée belge.
Le Rwanda, pays des 1000 collines, compte 7,9 millions d'habitants sur 26.338 km2 (la Belgique 30.500 km2).
Massacre de Tutsis par les Hutus en 1959. 120.000 Tutsis se réfugient en Ouganda.
- en 1962, rencontre de Gaulle avec président Kayaibanda - accords de coopération - mission d'aide en 1969.
- en 1973, le général-major Habyarimanana prend le pouvoir,
- en 1975, accord d'assistance militaire pour la gendarmerie avec Giscard d'Estaing,
- 20 juin 1990, discours Mitterrand à la Baule, pour la démocratie et le développement.
- en octobre 1990, offensive du Front patriotique (FPR créé en 1987) depuis l'Ouganda, dirigée par général Paul Kagamé (formé aux USA).
Appel du Président Habyarimana - Opération Noroît ( 2 puis 1 Cie du 8° RPIMA- 680h) dirigée par col. Thomann, évacue 313 ressortissants.
Malgré les tensions, la France se maintient et forme les FAR.
- 1992. Nouveaux massacres. Assistance militaire élargie à toute l'armée. Mise en place d'un DAMI (détachement d'assistance militaire).
- février 1993. Opération Volcan évacue 67 ressortissants.
- En mars. Opération Chimère ou Birunga (1er RPIMA, 70 h. sous col. Tauzin) bloque le FPR à la frontière de l'Ouganda
- en août 1993, accords d'Arusha sous l'impulsion de la France, en faveur du multipartisme. Retrait des soldats français.
Mise en place de 2300 h. de Minuar sous général canadien Romeo Dallaire.
- 6 avril 1994. Avion des deux Présidents abattu par un missile.
- 7 avril. Intervention du FPR depuis l'Ouganda et à Kigali. Minuar réduite à 200h. Gouvernement interimaire constitué.
Génocide (4 mois) 800.000 Tutsis et Hutus modérés, dénoncé par A.Juppé. Madame Albrecht refuse l'intervention ONU.
Opération Amaryllis (500 h. du 3°RPIMA, sous colonel Poncet), évacue 1400 ressortissants du 8 au 14 avril.
- 22 juin à 22 août 1994. Opération Turquoise ( 2500 h. Légion, 6° RG, RICM + appuis et 500 Africains) sous général Lafourcade,Zone humanitaire sûre permet de sauver des milliers de civils et d'éviter un exode massif des populations au Zaïre.
- 1994, retour théorique au multipartisme
- de novembre 1994 à 2010, le Tribunal pénal international (TPIR) prononce 40 condamnations et 6 acquittements.
- 1995 à 1997. Régime de terreur de Kagamé. Massacre de 400.000 Hutus, pillages au Zaïre (RDC).
- 1998. invasion du Zaïre par Kagame causant des millions de victimes.
- décembre 1998. Rapport parlementaire de Paul Quilès,
- 2006. Enquête du juge Bruguière concluant à la responsabilité de Kagame dans l'attentat.
Rupture des relations diplomatiques. La langue anglaise remplace le français.
- 2009. Réconciliation Kagamé- Guéant.
- avril 2014. Attaque virulente de Kagamé. Négations françaises. Annulation du déplacement de Taubira à Kigali (Kouchner remplace Taubira).

La crise franco-rouandaise de 2014

Arguments des accusateurs :
- rapport Mucyo (2008) accuse les soldats français d'assassinats, de viols et de formation de milices.
- Kagamé en avril 2014 : rôle direct de la France et de la Belgique dans la préparation et la participation au génocide,
- B. Kouchner : tout a été préparé avec le consentement de nos troupes.
- Patrick de Saint-Exupery, Mediapart, BHL, EELV.
Formation et soutien des FAR et du gouvernement intérimaire par la France.
Politique secrète de Mitterrand, Vedrine, Juppé, Lanxade et Thenoz, qui accusent le FPR d'agression extérieure.
Livraison d'armes aux génocidaires et transfert d'argent à la BNP.
Amaryllis reste l'arme au pied. Exfiltration au Zaïre de génocidaires. 1000 Tutsis non secourus par Turquoise à Bisesero.

Critiques nuancées :
- Giscard le 7 juillet 1994 : qu'est-ce qu'on va faire face aux Tutsis?
- Sarkozy en 2010 reconnaît des fautes politiques,
- général Tauzin, politique incohérente et sans continuité. Intervention trop tardive face au génocide.
- capitaine Guillaume Ancel, retraité, prétend en avril 2014 que le but de Turquoise n'était pas humanitaire,
mais agressif contre Kagamé.
- Le rapport Quilès (1998) expose de façon détaillée et convaincante toute l'affaire du Rwanda. Il justifie les opérations militaires,tout en reconnaissant une erreur de jugement politique face au gouvernement rwandais.

Mises au point d'avril 2014.

- Alain Juppé dénonce la falsification de l'histoire par Kagamé et affirme que tout a été fait pour la réconciliation.
Les seules zones d'ombre concernent les responsables de l'attentat contre l'avion présidentiel.
- Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, réfute toute complicité de génocide.
Il n'y a pas eu d'engagement direct dans la lutte pour le pouvoir. Le rapport Quilès a clos le débat.
- Le général Lafourcade rappelle que l'armée s'est retirée en 1993 après 3 ans d'assistance aux FAR.
Lors de Turquoise, l'intelligence de la situation imposait une attitude impartiale :
ne pas soutenir les FAR et ne pas attaquer le FPR.
Les responsables du génocide se sont repliés au Zaïre avant notre arrivée.
Des dossiers judiciaires ont été établis contre les "seconds couteaux".
Le bilan humanitaire a été salué par les médias et par l'opinion internationale.
Eprouvés par l'horreur des massacres, nos soldats ont été fiers d'avoir sauvé la population.
- Le colonel Hogard confirme le déclenchement de l'offensive FPR dans la nuit du 6 au 7 avril 1994,
sous la responsabilité de Kagamé, qui n'a cependant pas affronté nos unités.
Les exilés tutsis accusent Kagamé. Les anglo-saxons ne le soutiennent plus.
Pour Bisesero, je ne peux dire qu'une seule chose de certaine : j'étais auprès du colonel Rosier (patron du Gpt COS)lorsqu'il a appris par un CR radio oral, le 30 juin de mémoire, la découverte des survivants tutsis de cette localité.
Je l'ai vu aussitôt réagir comme l'aurait fait tout officier français digne de ce nom : il s'est rendu immédiatement sur place en hélicoptère, tout en lançant sans attendre l'organisation des secours venant de Goma et de Bukavu.
Laisser dire qu'il aurait pu couvrir une ignoble « opération de retardement » visant à faire massacrer en toute impunité quelques centaines de malheureux Tutsis supplémentaires est tout simplement indigne et faux.
Il suffit d'ailleurs de rencontrer une seule fois le général Rosier dans sa vie pour s'en convaincre sans difficulté !

- Hubert Vedrine, qui a joué un éminent rôle diplomatique, souligne que l'armement livré à l'armée rwandaise était destiné à la défense du pays contre la menace ougandaise et qu'il n'a pas servi au génocide.
Mitterrand favorable à la paix, a arbitré le différend entre Juppé et Léotard en faveur de l'intervention française.
- Bernard Lugan, expert auprès du tribunal international, souligne que le missile SA7 qui a abattu l'avion présidentiel provient d'un stock livré par les Russes à l'Ouganda, où servait Kagamé. Les FAR n'avaient pas de missiles anti-aériens.
- Le camp Kanombé n'a pas été le sanctuaire de la garde présidentielle.
- l'amiral Jourdier rappelle que des opposants à Kagame ont été assassinés en Afrique du S ud,
et que les Etats-Unis se sont opposés à une enquête sur l'attentat du 6 avril 1994.
- selon Pierre Péan, Kagame est responsable du génocide; il y eut davantage de victimes hutus que Tutsis.
- L'ASAF note que Kagamé masque ses exactions.
Le président Hoillande n'est pas intervenu alors qu'il s'agit de l'honneur de la France.
Il faut en RCA éviter toute accusation (pas de bavure).
- L'universitaire Serge Dupuis, dans un excellent article de la revue de la Fondation Jean Jaurès de mars 2014,
explique très bien la raison des accusations contre la France et son armée :
« L’image de lui-même que le FPR s’est appliqué à construire au fil des années,
avec une constance et une efficacité remarquable, se nourrit de diabolisation et de manichéisme à la fois. Face aux organisateurs du génocide tutsi, il ne saurait y avoir qu’un camp de victimes, homogène, immaculé, incontesté.
Un camp comprenant les centaines de milliers de morts tutsis, naturellement, mais également et surtout,
leur défenseur et champion, le FPR. C’est le fondement du pouvoir de celui-ci, le gage de sa permanence
à la tête de l’Etat rwandais en même temps que sa respectabilité internationale.
C’est ainsi qu’il faut comprendre la stigmatisation collective dont est victime la communauté hutue au Rwanda. C’est le sens qu’il faut donner à la diabolisation extrême que l’on fait peser sur la France. »
- Général Didier Tauzin (1911-1912). Le rapport Mucyo et son soutien par le parti de l'étranger (Assoc. Survie) sont inacceptables.

Carte du général Lafourcade


mercredi 2 juillet 2014

bibliographie de xavier Riaud


Critiques littéraires de livres d’histoire de la médecine militaire pour la CFHM
par Xavier Riaud

Riaud Xavier, Chirurgie dentaire et nazisme, L'Harmattan (éd.), Coll. Allemagne d'hier et d'aujourd'hui, Paris, 2015, 286 p., 30,00 euro.

En 1933, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. A partir de ce moment, chaque profession s'imprègne de l'idéologie nazie. A travers l'organisation des dentistes allemands sous contrôle étatique, à travers leur mode de fonctionnement politisé, c'est la description de toute une société embrigadée qui est abordée dans cet opus de Xavier Riaud. La principale nouveauté réside dans le fait qu'elle est étudiée directement depuis l'intérieur. Hygiène de la race, militarisation des dentistes au sein de la Marine, de la Wehrmacht, de la Luftwaffe, de la SS, genèse de la récupération de l'or dentaire dans les camps dans le cadre de la Solution Finale d'extermination de la population juive et son exploitation sur le plan international, chirurgie maxillo-faciale allemande, relations des dentistes nazis avec la confraternité internationale, rôles, formations universitaires, et obligations légales des dentistes dans le cadre de l'opération T4 d'euthanasie des aliénés mentaux et handicapés physiques, expérimentations médico-dentaires dans les camps de concentration, dentistes héros de guerre au service d'un régime totalitaire, identifications médico-légales des dignitaires nazis comme Hitler, Braun, Mengele ou encore Bormann, procès d'après-guerre et inculpations des principaux responsables SS, aucun sujet n'est occulté. A partir d'archives extraordinaires, de documents et de témoignages uniques, agrémentées d'une iconographie abondante, issues des plus grands centres du monde, Xavier Riaud réalise une galerie de portraits édifiante. Il lève aussi le voile sur des moments très sombres de l'histoire de l'Humanité et rétablit des vérités primordiales sur des questions demeurées encore aujourd'hui mystérieuses. Il parvient également à situer ces chirurgiens-dentistes entre médecine et éthique médicale, et à démontrer combien cette dernière notion est difficile au sein d'un régime totalitaire. Enfin, Xavier Riaud, à travers ce livre, référence en son genre sur un thème peu connu, s'attache au devoir de mémoire. Devant la résurgence d'idées passées, il s'évertue, avec convictions, tel un combat, à ériger ces mots : « Plus jamais cela !... »

Georges Villain 

Bieser Hubert, Les soldats aliénés à l'asile de Ville-Evrard (mars 1915-décembre 1918), L'Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2014, 282 p., 29,00 euro.
La Grande Guerre a marqué les esprits par ces combats et par ces Gueules cassées. Un phénomène nouveau est apparu consécutivement aux affrontements: les chocs post-traumatiques, mais aussi la folie. Hubert Bieser, ancien directeur de soins, spécialiste de l'aliénation pendant la Grande Guerre, décrit, à partir des archives d'un centre psychiatrique de la Première Guerre mondiale, celui de Ville-Evrard, l'état des internés, leurs symptomes et leurs traitements. Ces fous, ces malades, oubliés dans ces centres psychiatriques, reprennent un instant vie à travers le livre d'Hubert Bieser et démontre, s'il en est besoin, que la folie guerrière, c'est hélas aussi cela.
Afin que personne n'oublie...
                                                                                                                                                      Xavier Riaud

Colas Marie-Dominique, Le visage des hommes 1914-1918, Lavauzelle (éd.), Paris, 2014, 250 p., 24,00 euro.
En 2013, le prix Goncourt a été décerné à un romancier qui a su redonner un visage à une Gueule cassée condamnée à l'exil en empruntant l'identité d'un mort pour ne pas être confrontée à l'horreur dans les yeux de ses proches. Comment survivre quand ce qui fonde notre être au monde a été arraché par un obus, une balle, une mine? Comment donner du sens à cette mutilation quand l'opinion publique ne reconnaît pas l'action militaire ou ne s'y intéresse plus? Si le roman de 2013 y parvient à partir d'une histoire imaginée à partir de faits réels, Mme Colas y parvient mieux encore s'attachant aux faits réels eux-mêmes. Tiré de sa thèse qui a reçu le prix d'histoire de la médecine aux armées, cet ouvrage ne manquera pas d'apporter des réponses fondamentales à des questions historiques sociétales qui interpellent.
                                                                                                                                                       Xavier Riaud

Goasguen Jean, Médecin de Marine au Sénégal (1882-1884), L'Harmattan (éd.), 2013, 476 p., 47,00 euro.
Louis Carade, né en 1859, diplômé de l'Ecole de médecine navale de Toulouse, est affecté au Sénégal en 1882. Il y écrit de nombreuses lettres pour ses parents. Il leur demande de les conserver. 78 d'entre elles sont rapportées dans cet ouvrage écrit par un médecin général, ancien sous-directeur de l'Ecole du Service de Santé des Armées. Ces missives raconte la vie au quotidien de ce médecin, ses aventures, ses problèmes avec l'administration locale ainsi qu'avec les Maures. Avec beaucoup d'humour, cet Européen convaincu affiche sa supériorité sur les Noirs sans l'ombre d'une hésitation dans un ouvrage exotique particulièrement agréable à lire.  
                                                                                                                                                       Xavier Riaud

Mounier-Kuhn Alain, Les médecins militaires du XIXe siècle, Glyphe (éd.), Coll. Société, Histoire et Médecine, Paris, 2014, 860 p., 30,00 euro.
Le XIXe siècle est émaillé de conflits auxquels l'armée française participe plus ou moins heureusement. Devant soigner des blessures extrêmement mutilantes causées par de nouvelles armes, les médecins sont souvent débordés et doivent s'adapter en conséquence. A cet effet, les écoles médicales se perfectionnent et se modernisent, accompagnées dans le même temps par les hôpitaux militaires qui travaillent ensemble.C'est ainsi que l'Ecole du Val-de-Grâce ouvre ses portes en 1850. A travers le parcours de 300 médecins, l'auteur nous dresse, de manière détaillée les problèmes auxquels ils ont été confrontés. Si l'intendance est la difficulté majeure de l'infanterie, les maladies tropicales seront la préoccupation primordiale des médecins de la marine. Alain Mounier-Kuhn nous livre un ouvrage monumental sur les médecins militaires français au XIXe siècle dont on ne peut qu'admirer l'ampleur des recherches effectuées. A lire sans modération...
Xavier Riaud


Hillemand Pierre, Journal d'un médecin sur les deux guerres, tome 1 - La Grande Guerre (2013), tome 2 - La Seconde Guerre mondiale (2014), Fiacre (éd.), Montceaux-lès-Meaux, 2 x 20,00 euro.
Elu en 1970 à l'Académie nationale de médecine, le parcours du Dr Pierre Hillemand (1895-1979) est en tous points remarquable. Une grande partie de sa carrière s'est tournée vers la chirurgie digestive et a apporté une contribution majeure à cette discipline, mais la particularité de ce médecin est d'avoir servi son pays pendant les deux guerres prépondérantes du XXe siècle. Authentique et bouleversant, cet ouvrage, véritable témoignage du siècle dernier, est présenté par son fils, autre médecin, Bernard, également membre de l'Académie nationale de médecine et grand pionnier de l'alcoologie française. Médecin des hôpitaux de Paris, c'est en tant qu'ambulancier sur le front pendant la Première Guerre mondiale que Pierre Hillemand sert son pays, réalisant des prouesses extraordinaires dans l'évacuation des blessés, au milieu des balles et des obus. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est chef de la consultation de médecine « porte » de l'hôpital Saint-Antoine. A ce poste, il a en charge les STO. Son abnégation a permis à de nombreux jeunes hommes d'y échapper. Officier de la Légion d'honneur, Croix de Guerre 14-18, Pierre Hillemand apporte un témoignage unique, son témoignage, de ce qu'il a vu et connu. Combattant, mais aussi sociologue et politologue, le médecin donne une vision des deux guerres destinée aux générations futures afin que personne n'oublie.

Xavier Riaud, le 13 septembre 2014

1 - Davidson Martin, Le nazi parfait, Jacob-Duvernet (éd.), Ivry-sur-Seine, 2011, 394 p., 20,90 euro.
Bruno Langbehn est un jeune étudiant en médecine dentaire lorsqu'Hitler entame sa lente ascension en Allemagne. Séduit aussitôt par ses théories, il est l'un des premiers à adhérer au Parti nazi. Lorsqu'il arrive au pouvoir en 1933, Langbehn est lieutenant dans l'ordre militaire le plus noir, dans la SS Totenkopf (tête de mort), ceux qui avaient pour mission d'arrêter les Juifs et de les envoyer dans les camps d'extermination. Après la guerre, il n'est pas inquiété et peut achever ses études. Il ouvre un, puis deux cabinets dentaires, et tout en dissimulant son lourd secret, il nourrit les espoirs de sa famille. Et si votre grand-père était un monstre? Et si votre grand-père avait contribué à tuer des milliers de personnes? Tel est la découverte effroyable qu'a faite Martin Davidson, le petit-fils de Langbehn, après de nombreuses investigations dont il expose les résultats dans cet ouvrage. Un livre terrifiant pour ne pas oublier!         
                                              Xavier Riaud

2 - Schneider Jean-Jacques, Nicole Mangin, une Lorraine au coeur de la Grande Guerre, l'unique femme médecin de l'armée française (1914-1918), Place Stanislas (éd.), Nancy, 2011, 224 p., 20,00 euro.
 Après avoir écrit en 2008, un livre remarqué sur le service de santé des armées à Verdun en 1916 paru aux Editions Serpenoise (un énième sur la question?), le docteur Schneider nous revient avec un ouvrage consacré au docteur Nicole Girard-Mangin qu'il qualifie "d'unique femme médecin du service de santé des armées" pendant la Guerre 14-18. D'ores et déjà, ceci est une erreur. Il n'y a qu'à se souvenir de Suzanne Noël qui a été une émule du célèbre professeur Morestin, grand ponte de la chirurgie maxillo-faciale, et qui a oeuvré en tant que médecin toute la guerre dans les hôpitaux parisiens pour le bien-être des Gueules cassées. Il est vrai cependant que Noël n'était qu'interne au moment du conflit. Peut-être Schneider a-t-il voulu dire que Girard-Mangin a été la seule femme présente dans les zones de combats, ce qui, là encore, reste à démontrer malgré tout?
En fait, l'intérêt de cet opus réside avant tout dans l'étude de la personnalité remarquable de la doctoresse. Au front, elle s'est affirmée en tant que femme auprès des blessés leur apportant un semblant de douceur que la guerre n'autorisait pas, mais aussi scientifique rigoureuse, médecin aux compétences considérables très vite reconnues par ses pairs quand il s'agissait d'opérer. Pour ses malades, elle n'a jamais hésité à risquer sa vie et les a traités avec compassion, et abnégation. Malheureusement, décédée trop tôt suite à l'absorption létale d'une trop forte dose de médicaments dans des circonstances troubles, Nicole Girard-Mangin a été une femme authentique dont la vie brillante s'est achevée trop vite. Rédigé à partir des notes personnelles de cette femme, ce manuscrit d'approche très simple se lit d'une traite et ne se quitte qu'à regret. A découvrir en hommage à Nicole, assurément une grande dame... 
Xavier Riaud

3 - Germain Michel, René Leriche, pionnier de la chirurgie vasculaire, Glyphe (éd.), Collection Société, histoire et médecine, Paris, 2008, 309 p., 24,00 euro.
Fondateur du Conseil de l'ordre des médecins en 1940 et président de cette institution pendant deux ans, René Leriche défend les médecins français afin qu'ils ne partent pas en Allemagne servir le régime hitlérien et essaie de sauver ses confrères juifs de l'antisémitisme ambiant. René Leriche, c'est aussi un chirurgien qui opère pendant la Grande Guerre directement, à sa demande, sur le front, qui crée de nombreux hôpitaux au milieu des zones de combats et refuse une citation à l'ordre de l'armée, préférant la concéder à un autre soldat qu'il estime plus méritant que lui. Cette citation, il l'obtiendra tout de même en 1918. Intime du maréchal Joffre, c'est lui qui l'ampute dans ses derniers jours et c'est encore lui qui lui sauve la vie au plus fort des affrontements alors que le maréchal est en fonction.
Michel Germain, éminent chirurgien et historien érudit de la médecine, nous livre ici une oeuvre majeure, pleine d'humanisme, sur un homme dévoué au chevet de ses malades, illustres ou non, militaires ou non. Pétain dit de Leriche, à propos de son intervention réussie sur Joffre: "Vous avez eu du courage d'opérer un homme si illustre. La plupart du temps, on nous laisse mourir. Le risque et la responsabilité sont trop grandes. Pourtant, n'attendez aucune gratitude. S'il survit, on dira que votre intervention était inutile. S'il meurt, on dira que c'est de votre faute." René Leriche, devant annoncer un verdict médical, le faisait toujours droit dans les yeux, droit dans l'âme de ses patients. Il ne trichait pas. Joffre le respectait pour cela.
Michel Germain nous emmène à la découverte d'un chirurgien militaire pendant la Grande Guerre, civil par la suite, pourfendeur de la veuve et de l'orphelin pendant la Seconde Guerre mondiale, toujours en adéquation avec son éthique personnelle. Un grand médecin pour un livre remarquable. A découvrir absolument...   
Xavier Riaud

4 - Riaud Xavier, Les dentistes américains dans la guerre de Sécession (1861-1865), L'Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2012, 218 p., 22,50 euro.
Depuis Noël 1860, les hommes du major Anderson sont assiégés dans Fort Sumter en Caroline du Sud, par 6 000 miliciens de l’Etat sécessionniste. Les renforts n’arrivent pas. Le 12 avril 1861, le général Beauregard ouvre le feu. Anderson refuse d’abord de se rendre, puis, le lendemain, capitule. La guerre civile commence. Elle dure 4 ans et se termine avec la reddition du général Lee, à Appomatox, le dimanche 9 avril 1865. Ce conflit coûte la vie à près de 618 000 hommes. Quelle place et quel rôle pour les dentistes américains dans cette triste période ? A travers des photos et des documents issus des plus grands centres d’archives américains, à travers des témoignages d’époque également, Xavier Riaud nous apporte une réponse originale et surprenante à cette question. Une première édition de cet ouvrage en 2006 a constitué une première mondiale. Si de nombreux articles ont été publiés aux Etats-Unis sur la question, aucun livre jusqu’alors ne l’avait été. Xavier Riaud a revisité le sujet en développant de façon significative le livre d’origine. Il aborde aussi d’autres aspects de ce conflit comme le scorbut au sein des deux armées antagonistes, un hommage aux premiers dentistes noirs américains, la vérité sur l’identification médico-légale de John Wilkes Booth, le meurtrier d’Abraham Lincoln dont les problèmes bucco-dentaires ne sont pas oubliés, ou encore le cancer oro-facial d’Ulysses S. Grant, le général vainqueur de cette triste guerre, etc. Si pareil opus est unique en son genre, il offre à tout lecteur la perspective d’une réelle et belle (re)découverte.
                           Georges Villain      

5 - Van Tiggelen René & al., La Grande Guerre de 14-18: La radiologie monte au front, Musée belge de la radiologie, Bruxelles, 2011, 143 p., 19,00 euro
René Van Tiggelen est le conservateur du Musée belge de la radiologie. C'est donc un ouvrage très documenté et parfaitement illustré (260 figures) qui nous parvient sur la radiologie pendant la Première Guerre mondiale, discipline créée à peine 20 ans auparavant. A la base du diagnostic, la radiologie connaît un essor croissant ainsi qu'un usage de plus en plus fréquent, tout particulièrement pendant ce conflit où les blessures par balles ou éclats d'obus ont été destructrices. Malheureusement, si les bénéfices de son utilisation sont vite reconnus, les précautions d'usage, quant à elles, ne sont pas maîtrisées et leur absence a généré des expositions nucléaires du personnel en place qui en feront les premières victimes. Cet ouvrage vient d'être traduit en anglais sous le titre Radiology in a trench coat. Military radiology on the western front during the Great War, Academia Press, 2012, 220 p.
Un ouvrage de référence incontournable sur la radiologie pendant la Grande Guerre. A ne pas manquer...
                                                   Xavier Riaud

6 - Riaud Xavier, Napoléon Ier et ses médecins, L'Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2012, 370 p., 36,50 euro.
Préface du Professeur Christian Cabrol.
Prix d’histoire de la médecine de l’Association des Amis du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce 2012.
En 1792, un décret de l’Assemblée législative confirmé par l’ordonnance du 8 août 1793 de la Convention nationale officialise la fermeture des organisations enseignantes, des académies et autres sociétés savantes. A la fin de l’année 1794, une nouvelle école de médecine voit le jour, celle d’une république naissante. D’autres suivront. Des Corvisart, des Chaptal, des Berthollet ou encore des Fourcroy réforment la santé en profondeur, lui conférant de vraies lettres de noblesse. Un savoir médical unique en Europe se concentre sur le sol français. Un enseignement hospitalo-universitaire est créé : la divulgation de préceptes théoriques aux étudiants s’accompagne d’une mise en pratique directement sur le malade au sein d’une structure hospitalière. Puis, apparaît en 1808, l’Université…
Ces grands médecins ont brillé à tous les échelons supérieurs de l’administration impériale, au service de leur pays. Voilà pourquoi nombreux sont ceux qui ont été décorés de la Légion d’honneur et/ou ceux qui ont été élevés à la noblesse d’Empire. Il convient évidemment de ne pas oublier la chirurgie militaire qui a occupé une grande place en ce début de siècle conquérant pour la Grande Armée. De grandes figures s’y sont illustrées comme Larrey, Percy ou Desgenettes notamment. Ce livre retrace l’histoire de ces hommes, l’histoire des grandes réformes au sein du corps médical sous l’Empire, enfin l’histoire de la médecine à cette époque et des rapports que Napoléon Ier nourrissait avec celle-ci.
     
                                                                                Georges Villain 

7 - Lamendin Henri, Desaix et… ? Selon plusieurs auteurs, Souvenirs (éd.), Guillestre, 2013, 193 p., 25,00 euro.
A Sainte-Hélène, Napoléon dicte ces quelques lignes à propos du général Desaix : « Nous nous serions toujours entendus par conformité d'éducation et de principes. Son talent était de tous les instants. Il avait le courage physique et le courage moral. Dévoué et fidèle, c'était un caractère à l'antique ». Desaix, quant à lui, écrit à l’issue de leur rencontre, le 27 août 1797 : « J'ai enfin rencontré un grand homme... Vous ne pouvez avoir une idée de son caractère, de son esprit, de son génie. Je suis enchanté de l'avoir vu. » Le 14 juin 1800, Desaix meurt à Marengo, blessé à mort au cours d'une charge héroïque qui donne la victoire à Bonaparte. Avec le décès de Desaix, une page se tourne. Aucun de ses proches collaborateurs ne bénéficiera plus de sentiments aussi forts que ceux que Bonaparte a ouvertement affichés pour Desaix, comme si l’homme, pour se consoler ou se protéger, avait décidé de se fermer au monde alentour et de ne plus se consacrer entièrement qu’à son projet politique. Conjectures, supputations ou constat légitime qui n’engagent que moi, toujours est-il qu’aucune autre correspondance de sa main n’attestera, par la suite, d’un émoi similaire envers aucun autre.
L’auteur nous livre un portrait original, un parcours complet et dense, avec une iconographie méticuleusement choisie, n’occultant aucun des aspects de la vie de Desaix, y compris ses contradictions supposées lorsqu’il est obligé d’obéir à Kléber en Egypte, alors son supérieur hiérarchique, bien que les motivations de ce dernier aillent à l’encontre, sur le moment, de celles du nouveau Premier Consul. C’est un ouvrage enfin à lire sur une touchante histoire, celle de deux amis en définitive que, seule, la mort a séparé, un opus dont on ne peut que saluer et vanter les mérites, et que l’on ne quitte qu’à regrets.
                                                               Xavier Riaud

8 - Resal Jacques & Allorant Pierre, Un médecin dans le sillage de la Grande Armée, Correspondance entre Jean-Jacques Ballard et son épouse Ursule demeurée en France (1805-1812), L'Harmattan (éd.), Coll. Mémoires du XIXe siècle, Paris, 2013, 328 p., 34,00 euro.
Dans près de 200 lettres que Jean-Jacques Ballard a écrites à sa femme, ce chirurgien relate sa vie d'homme et de médecin parmi les soldats de la Grande Armée. Pendant 7 années, il parcourt l'Europe entière et est présent dans toutes les campagnes napoléoniennes. Médecin militaire responsable d'hôpitaux de campagne, il déploie tous ses talents pour enrayer de nombreuses épidémies, mais peu prolixe sur ses compétences médicales, il s'attarde plus à raconter sa découverte d'autres contrées et d'autres cultures. Dans ce recueil de lettres, un témoignage extraordinaire de la vie de la Grande Armée nous est révélé. S'il considère avec le plus grand intérêt la culture, la religion des pays qu'il traverse, Jean-Jacques Ballard, par le biais de Jacques Resal et de Pierre Allorant qui ont eu l'idée merveilleuse de colliger toute cette correspondance, véritable patrimoine historique, met aussi en évidence le dénuement et la pauvreté des soldats de l'armée impériale ainsi que les exactions de certains d'entre eux. Ce recueil est un morceau de vie monumental sous l'Empire, d'une précision chirurgicale sur les pérégrinations d'une Grande Armée victorieuse, dominatrice, puis défaite, en plein désarroi après la déroute de la campagne de Russie. Un ouvrage incontournable à consulter absolument...
                           Xavier Riaud                     
 9 - Salf Eric, Hôpital militaire Legouest : cent ans d’histoire militaire à Metz, Lavauzelle Graphics (éd.), Panazol, 2012, 148 p., 23,15 euro.
Cet hôpital ouvre ses portes en 1912 et est alors sur le sol allemand. A la veille de la Grande Guerre, il est dénommé hôpital de forteresse n° 3. Devenu l’hôpital Legouest au début des années 30, du nom du professeur du Val-de-Grâce qui a permis l’autonomie du service de santé militaire en 1883, il a fêté ses 100 ans d’existence en 2012. Sollicité à l’extrême lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle, il a formé de nombreux professionnels de santé envoyés en mission sur le théâtre d’opérations se déroulant dans le monde entier. Aujourd’hui, après la restructuration de 1992, il devient le seul hôpital militaire pour tout l’est de la France. Transformé en hôpital d’instruction militaire, il travaille en partenariat étroit avec la Faculté de médecine de Nancy et l’Ecole militaire du Val-de-Grâce, et délivre les soins aux armées ainsi qu’à la population civile. Ce morceau de vie d'une ville de Lorraine est indéniablement riche et dense pourvu que le lecteur s'intéresse à sa culture et à son histoire. En effet, voilà le problème d'un tel ouvrage qui n'est centré finalement que sur un patrimoine très local, bien que la création de cette école, ainsi que son aménagement et son évolution, soient indissociables de ceux des infrastructures identiques à l'échelon national. Toutefois, il convient de saluer le travail extraordinaire de recherche et d'écriture effectué par le Dr Salf qui exerce dans cet hôpital, et l'importance de l'iconographie dont la qualité est bien réelle.
Xavier Riaud

10 - Fradin Mathilde, Entretiens avec le Docteur Lévy-Leroy, médecin résistant, L'Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2013, 93 p., 12,00 euro.
Né en janvier 1915 dans une famille bourgeoise, Jean-Claude Lévy-Leroy est un jeune étudiant en médecine lorsque la guerre éclate en 1939. Juif, il décide de rejoindre la France libre et de mettre ses compétences médicales au service de la Résistance du général de Gaulle. Cet ouvrage est le témoignage vivant des années de guerre vécues par le Dr Lévy-Leroy, entre 1940 et 1944. Pour la Résistance, il voyage d'Afrique en Asie et participe en 1944, à la libération de sa mère patrie. Le 26 août 1944, il défile sur les Champs-Elysées de la capitale libérée. A la fin de la guerre, il s'installe à Alger où il exerce pendant plusieurs années. Il finit sa carrière, puis ses jours en juillet 2012 à Avignon. Devenu officier de la Légion d'honneur, ce récit poignant est l'âme vivante et le souvenir exalté d'un jeune homme qui s'est battu pour libérer son pays du joug nazi, avec une ferveur sans cesse renouvelée. En recueillant l'histoire du Dr Lévy-Leroy, Mathilde Fradin, journaliste, nous offre une histoire unique et bouleversante de la Seconde Guerre mondiale. 
Xavier Riaud

11 - Morillon Marc & Falabrègues Jean-François, Le Service de santé 1914-1918, Bernard Giovanangeli (éd.), Paris, 2013, 160 p., 35,00 euro.
Dans un ouvrage riche et dense, parfaitement illustré, les deux auteurs recensent toutes les professions médicales (brancardiers, infirmiers, médecins, dentistes, etc.) en action au service des blessés pendant la Grande Guerre. Du relevé des blessés sur le champ de bataille jusqu'aux hôpitaux de l'arrière, Marc Morillon, médecin général inspecteur, et Jean-François Falabrègues, chirurgien-dentiste en chef de réserve, évoquent toutes les étapes médicales de la prise en charge du blessé au cours de la Première Guerre mondiale. Ce livre, au fur et à mesure du déroulement de ses pages, se révèle un véritable hommage à tous ceux dont le dévouement a contribué à améliorer le sort, les soins et le retour à une vie sociale de ces hommes meurtris par des combats particulièrement mutilants. Accessible au grand public, cet opus s'avère être un livre incontournable de l'histoire de la médecine militaire pendant ce que tous ont appelé la Der des Der. A découvrir absolument...
                                                         Xavier Riaud

12 - Germain Michel, Alexis Carrel, un chirurgien entre ombre et lumière, L'Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2013, 204 p., 20,00 euro.
Alexis Carrel est sans doute le chirurgien le plus controversé du XXe siècle. Il soulève toujours d’âpres discussions. L’ombre et la lumière le définissent parfaitement. La lumière, il la connaît en 1912, puisqu’il reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine « en reconnaissance de ses travaux sur la suture des vaisseaux et la transplantation d'organes ». Par son génie de chirurgien et son habileté, il est parvenu à révolutionner la médecine du siècle dernier, offrant à l’être humain un avenir indéniable. Précurseur de la chirurgie vasculaire, ses recherches le conduisent vers la transplantation d’organes où il rencontre un succès fulgurant au point de mettre au point une prothèse cardiaque d’ingénierie dont les préceptes essentiels seront repris plus tard. Co-inventeur de la solution de Dakin et chirurgien hors norme pendant la Grande Guerre, biologiste après 1918, il trouve des applications, dans la lutte contre le cancer, qui ont un retentissement international. Il est encensé dans le monde entier. Puis, vient l’ombre, avec la publication de L’Homme, cet inconnu en 1935, véritable best-seller. Son eugénisme préconisant « un centre d’euthanasie par le gaz pour les criminels », moyen employé par les nazis pour tuer « les minorités, les aliénés », salué dans la version allemande de son livre parue en 1936, en fait une caution scientifique de ce qui sera la Shoah, bien qu’aucun texte nazi ne soit venu attester qu’il en est bien l’instigateur. En 1941, collaborateur, il travaille activement pour le régime de Vichy. Michel Germain, après une recherche approfondie dans des archives inédites, parvient à nous en apprendre davantage sur l’homme qu’a été Alexis Carrel et ses vraies motivations, avec un sens aigu de la critique indispensable pour appréhender l’histoire d’un des acteurs les plus incontournables et les plus discutés, encore de nos jours, de la médecine du XXe siècle.
                                                       Xavier Riaud

13 - Graf Mercedes, To heal and to serve: Women Army Doctors in World War II, Hellgate Press, 2013, 200 p.
Abnégation, dévouement et altruisme sont au rendez-vous de cet ouvrage. Axés sur des témoignages extraordinaires, Mercedes Graf nous raconte l'histoire de ces femmes médecins qui se sont enrôlées pendant la Seconde Guerre mondiale et qui ont consacré leur temps à soigner des blessés. Comment ont-elles été amenées à s'engager? Quelle a été leur formation? Quel quotidien pour elles au milieu des combats? Quelles ont été les conséquences pour leurs vies d'après-guerre? Mercedes Graf nous instruit sur chacun de ces sujets et bien d'autres encore. Un ouvrage essentiel sur des femmes merveilleuses qu'on ne quitte qu'à regrets...
                                                    Xavier Riaud